Par Marion

Ça fait longtemps que je voulais écrire mes impressions sur ce voyage peu ordinaire. Notre point de vue en tant qu’adulte et nos attentes mais aussi vu par les enfants. Nous avons une bonne brochette: de l’adolescent(e) au jeune enfant en passant par Nils, mi-bébé (dans certaines de ses attitudes) / mi-adulte (dans ses lectures). Mais avant tout je voudrais dire à tous les parents qui hésitent “pour les enfants” que non, n’hésitez plus, rien n’est impossible avec les enfants tant que vous, vous croyez en ce que vous faites, quelque soit vos envies, vos besoins, vos rêves, les enfants embrasseront votre projet tant qu’il est bien ficelé et bien amené. Qu’il soit ado, lecteur, casanier, jeune enfant, bébé, un enfant s’épanouit dans les projets de ses parents si ses parents y croient. Et des parents satisfaits ce sont des enfants heureux et bien dans leur peau. Alors foncez!!!!

Notre quotidien n’est pas toujours facile et réjouissant. Nous devons ranger toutes nos affaires dans les sacoches (matelas, duvets etc) puis repartir pour quelques heures de vélo. Nous ne savons jamais où nous dormirons le soir, et dans quelles conditions. Les connections au monde extérieur sont aléatoires et souvent rares. Et pourtant nous avons deux ados connectés aux copains. Nous devons leur apporter autre chose qui éveille leur curiosité bien plus que les comptes Instagram, Snapchat et autres réseaux sociaux. C’est notre devoir quotidien en tant que parents. Il y a aussi à satisfaire Mia et son besoin de jouer et puis Nils et ses besoins de lectures jamais taris. Alors comment faire pour que tout le monde soit satisfait? Nous essayons de leur donner un regard sur ce qui les entoure, pour que chacun y trouve une motivation, un intérêt, voire même un besoin réel de continuer et de toujours aller voir plus loin. Nous ne cherchons pas à en faire des nomades à vie, ni même des marginaux, seulement des enfants avec un regard différent sur ce monde et qui adultes pourront choisir de faire avancer le monde à leur niveau, à leur façon, avec leurs convictions.

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Siloé est toujours excitée par la différence. Elle se passionne pour l’artisanat, les matières utilisées au quotidien en fonction du lieu géographique (altiplano et haute altitude, forêts de nuages, vallées fertiles) mais aussi en fonction des cultures parfois ancestrales qui ont su transmettre leurs connaissances et qui en font une richesse inestimable. Elle veut aussi découvrir leur culture culinaire, connaître de nouvelles saveurs, échanger avec ces populations reculées.

Siloé se passionne aussi pour les graffitis qui tapissent les murs des villes, des arrêts de bus, des maisons. Chacun de ces graffitis retrace souvent un fait de l’histoire (le Che argentin, opposant à la toute puissante Amérique, ou encore Simón Bolivar qui libérera les peuples d’Amérique de l’envahisseur espagnol). Siloé se questionne alors beaucoup sur le devenir de ces peuples oppressés et le pourquoi des peuples oppresseurs. Elle s’indigne, comme on le fait souvent à cet âge là, et se rallie systématiquement du côté des oppressés, pas si simple!!! Mais ça permet d’ouvrir des discussions sur le fonctionnement du monde, et de leur permettre (à nos enfants) de s’interroger sur leurs futures attentes. C’est riche et c’est aussi le but de ce voyage. Apprendre les différents fonctionnements des sociétés qui peuplent ce monde, les différents combats des populations selon leurs attentes et leurs besoins (un accès à l’eau potable, un toit, le pain quotidien, l’éducation).

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Elio est une boule d’énergie, et il vit ce voyage avec tout son corps. Il ne se plaint jamais d’être fatigué malgré les kilomètres parcourus parfois dans des conditions difficiles (pluie, vent, dénivelé…). Il est toujours partant pour aider quand il s’agit de mettre en place le campement car l’excitation quotidienne qui l’habite dans cette vie de nomade lui donne des ailes. Elio le « trouillard », « l’inquiet » s’est envolé. Chaque jour il se remplit de nos rencontres et des paysages traversés. Il s’insurge aussi beaucoup contre l’injustice mais déteste par dessus tout le racisme et le sexisme. Il ne comprend pas que la couleur de ta peau puisse faire de toi quelqu’un de bien ou de mauvais, et n’accepte pas la supériorité de l’homme sur la femme. Tout le monde est égaux, il ne tient qu’à soit d’être bon ou moins bon, tel est la devise d’Elio. La place des peuples indigènes, ou des femmes dans les pays que nous traversons reste donc un sujet d’incompréhension pour Elio. Elio dans ce voyage a appris à aimer la nouveauté et à ne pas s’inquiéter de l’inconnu. Nous le sentons serein et heureux, avec un enthousiasme jamais tari. C’est un vrai bonheur de le voir comme ça.

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Nils, le rêveur, le lecteur. Il est aussi plongé à 100% dans le voyage. Nils le casanier, l’ours qui peut passer des heures sous sa couette à lire, est simplement heureux d’être là. Il absorbe comme une éponge chaque discussion, chaque échange avec les populations locales (son espagnol s’affine et quand il ne comprend il demande la traduction). Il lit beaucoup, toujours. Ce qui fait que Nils est peu investi dans les “tâches” quotidiennes. Quand nous posons les vélos pour la nuit, Nils lit et au matin, avant le départ, Nils lit. Mais sinon il est toujours partant pour rendre de menus services comme remplir les gourdes, apporter les sacoches vélo etc. Il dit très souvent “je ne sais pas pourquoi mais je suis heureux”. Ça résume bien son état général, Nils vit avec passion ce voyage. Il se passionne pour les livres qui retracent l’histoire des peuples d’Amérique du sud et lit tous les guides de voyage que nous trouvons en route pour parfaire sa connaissance du pays. Il se rappelle de chaque nom de village ou de lieux traversé. C’est notre petite encyclopédie. Eric en fait les frais, car au quotidien sur le tandem il lui raconte ses lectures, lui expose ses questionnements et lui avance ses théories sur le pourquoi du comment avec un débit inépuisable et épuisant. Mais le bonheur de Nils est un cadeau pour Éric et moi qui nous interrogions beaucoup sur comment Nils vivrait ce voyage, loin de ses routines qui lui plaisaient tant et le guidaient au quotidien dans sa vie suédoise.

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Mia est sans aucun doute celle qui grandit le plus vite pendant ce voyage. Après avoir demandé quotidiennement quand est-ce qu’on rentrait en Suède, elle est maintenant en éveil permanent. Le temps coule sur elle et la fait pousser de manière étonnante. Elle aime découvrir des nouvelles saveurs, s’émerveille devant les paysages traversés, reste timide devant les gens qui la trouvent “que linda la chiquita” mais répond maintenant aux questions en espagnol “como te llamas” ou “cuánto años tienes” de sa petite voix fluette mais claire. Nous passons des heures par jour sur le vélo à faire des “jeux” : Abécédaire (Mía est incollable sur les animaux, les pays, les villes), lecture de tous les panneaux qui bordent la route, calcul mental… Mia est presque toujours enthousiaste et patiente volontiers pour trouver l’endroit parfait où s’arrêter pour la nuit. Elle est “portée” par ses frères et sœur qui la guident dans cette grande aventure. Et la présence de sa fratrie suffit à son bonheur. Elle est demandeuse et veut toujours aller plus loin. Parfois le ras le bol du vélo prend le dessus et elle réclame alors haut et fort “des vraies vacances”. Nous cherchons alors un endroit où nous arrêter qui puisse rendre le sourire à tous et surtout leur donner envie de reprendre la route pour voir ce qu’il y a “après”.

Alors après 3000 km parcourus nous ne regrettons rien et sommes même émerveillés par la tournure que prend ce voyage. Il va bien au delà de nos espérances et on se dit que c’est loin d’être fini. Pour Éric et moi le lien déjà fort qui nous unissait s’est encore renforcé. Nous évoluons ensemble en apportant chacun nos points forts pour faire de ces journées des moments uniques. Nous ne doutons “presque” jamais de la “route” à suivre et laissons le vent guider nos roues (et du vent en Argentine, c’est pas ce qui manque). Nous nous aimons comme jamais et sommes heureux comme toujours.

Alors vivez vos rêves, laissez vos pas vous guider, soyez audacieux et persévérants et la vie vous rendra au centuple les efforts fournis.

Joyeuses fêtes et Bonne Année 2018. Que 2018 vous soit douce, riche et belle !

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Hasta luego !

 

Info : Allez vite voir et écouter les exposés de Nils (sur les Incas) et de Siloé (sur les lignes de Nazca), dans le coin Webradio et Péda !

Il y aura prochainement un quizz pour vérifier vos connaissances !!