Bolivie : de Tupiza à Villazón, la frontière Bolivie/Argentine, par Marion

Nous quittons Tupiza avec quelques regrets tellement nous sommes bien dans cette petite ville. Mais l’attrait de l’Argentine à moins de 100 km de là est plus fort. Nous poursuivons notre route vers l’altiplano Argentin. Tout le monde est en forme et pédale de bon cœur. Ça monte pas mal et il fait assez chaud alors la progression est plus lente que prévue. Après une bonne 30aine de km dans l’après midi, nous nous arrêtons dans le petit village de Charaja, où nous rencontrons Robin et sa famille qui nous invitent à dormir dans une pièce attenante à leur maison. Dans la nuit un orage éclate et nous sommes ravis d’être à l’abri. Robin et sa famille sont très attentionnés malgré la précarité de leur habitat, ils nous donnent accès à l’eau et à leur cuisinière. Ça tombe bien notre réchaud est en panne et, à cette altitude, manger froid n’est pas du goût des enfants ! Leur “maison” comprend une seule et unique pièce où logent Robin sa femme et leur fils de 12 ans, avec le coin cuisine et la cuisinière et des étagères oú s’entassent boites, vêtements, accessoires cuisines, et tout un barda de choses qui semblent autant inutiles que poussiéreuses.

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La maison de Robin et sa famille, Elio et Beimar se font des passes 

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Il nous faut repartir, il nous reste à franchir la barre de montagne qui nous fait face, heureusement nous savons que l’Argentine s’offre derrière, ça motive. La montée est rude mais la satisfaction à l’arrivée n’en est que plus grande. Nous cherchons refuge pour la nuit, il reste encore 50 km pour atteindre la frontière et le soleil décline déjà. Nous serons gentiment accueillis dans un centre de soin, où nous serons, une fois encore, à l’abri du vent et de l’orage qui gronde.

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Un ultime hébergement bolivien, le centre de soin du petit village de Mojo.

Le lendemain midi nous arrivons à Villazón et après un dernier repas Bolivien nous traversons le pont qui sépare les deux pays. Les formalités sont rapides, il ne reste qu’à passer au scanner nos 13 sacoches + 2 tentes et nous voici en Argentine. Drôle de sensation. Nous sommes nostalgiques de quitter cette belle Bolivie, et à la fois excités de changer de pays. Les enfants sont d’autant plus excités qu’on nous a dit l’Argentine plus riche et donc plus variée dans son alimentation et ses infrastructures. Mia a hâte de retrouver des aires de jeu digne de ce nom, des céréales autres que l’avoine pour le matin, les 3 grands rêvent d’agrémenter les pâtes du soir avec autre chose que de l’oignon et de la tomate. Bref chacun attend avec impatience cette nouvelle étape !

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Argentine : La Quiaca – Salta, par Eric

Ça y est, nous voilà en Argentine ! Les enfants sont fiers, c’est la troisième frontière traversée (pas de piste cette fois-ci, contrairement aux frontières équatoriennes et péruviennes, juste un pont frontière entre les deux villes, Villazon/La Quiaca).

Cette frontière est annonciatrice de changement. Il nous faut encore trois jours de vélo dans la pampa pour arriver au hameau de Très Cruces… et dire au revoir à l’altiplano. À partir de là, nous allons perdre de l’altitude, changement de décor garanti.

 

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Nous étions tout excités de prendre pied sur l’altiplano dans le sud du Pérou. A présent, nous sommes contents de passer à autre chose !
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On perd de l’altitude, changement de végétation ; ces cactus sont creux à l’intérieur et stockent de l’eau pendant la période des pluies (janvier-février)

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On retrouve nos amis colibris, pas vus depuis l’Equateur

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Incroyable, une piste cyclable ! (El Carmen)

Autre changement, avec ce passage de frontière, nous entrons dans un pays plus riche et plus organisé.

Voici en bref quelques changements majeurs, qui nous rappellent parfois l’Equateur, et qui contrastent avec nos dernières semaines passées au Pérou et en Bolivie :

  • dans la ville frontière de La Quiaca (côté argentin), il y a une aire de jeux, à la grande joie de Mia ! Puis Marion et les enfants font des courses dans un petit supermarché, je garde les vélos, les enfants reviennent tout excités : “c’est incroyable ! Il y a du fromage bleu, et du jambon, et du saucisson…!”
  • Nous perdons de l’altitude, on voit des arbres, des cultures (laitues, betteraves…), des cours d’eau… On dîne dehors (plutôt qu’entassés sous la tente), et on met de côté doudounes, bonnets… Par ailleurs nous avons passé le tropique du Capricorne, nous approchons de l’été et les journées sont bien plus longues (par rapport à l’Equateur où il faisait nuit à 18h).

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  • Nous avons quitté les rudes plateaux andins, et les peuples quechuas et aymaras, avec leurs traditions séculaires, leur artisanat, mais aussi leur réserve. Nous sommes en pays latin, les gens viennent  au contact, discutent, nous accueillent plus volontiers.
  • Les enfants avaient perdu l’habitude de voir de belles voitures, des villas chics (qui changent des briques en terre séchée, des briques à nu et de l’absence de crépi…) avec gazon, piscine parfois.
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Les abris bus sont des oeuvres d’art
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On n’est pas du tout dans la frénésie de Noël, mais des détails nous rappellent que nous approchons des fêtes de fin d’année ! (Sapin en bouteilles plastiques recyclées).  De plus, le petit lutin suédois de l’Avent dépose chaque matin pour Mia et Nils un petit bonbon (petit lutin nommé Siloé, mais chut !)
  • Il y a des campings municipaux, avec piscine ! On en a enchaîné trois (Yala, El Carmen et Salta). On a roulé (entre Jujuy et Salta) sous l’orage -la pluie est chaude !- dans une magnifique forêt ; on se serait cru parfois sur une petite route de montagne des pré-Alpes, parfois dans les forêts de nuages équatoriennes.

Après avoir quitté l’altiplano, nous descendons sur Humahuaca et sa quebrada (des montagnes aux couleurs multiples, que les forces terrestres et tectoniques ont pris le soin de plisser dans des formes arrondies ou en dent de requin). Siloé raconte le trajet de Humahuaca à Salta.

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Altiplano argentin, juste avant l’orage, une nuit dans une centrale téléphonique (ça existe encore !)

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Humahuaca- Salta (12-12-2017 → 16-12-2017), par Siloé

Nous partons tard de Humahuaca, au moment de partir, un monsieur (Felipe) nous aborde dans la rue et nous dit qu’il a une ferme écologique et qu’il nous invite boire un verre. C’est sur notre route alors nous lui confirmons notre passage. Moi je m’attendais à une grande ferme avec plusieurs bâtiments, des animaux et toute sa famille qui y vit et travaille (comme beaucoup de fermes).

Nous faisons environ 15 km pour arriver au niveau de la ferme, il nous emmène vers sa ferme en nous faisant passer par un chemin de terre avec beaucoup de cactus, papa stressé de crevaisons nous rabâche de bien rester centré sur le chemin. Nous arrivons ensuite à sa ferme, à ma grande déception il y a seulement une petite maison avec quelques chevaux et un champs de awas (sorte de patates). Nous parlons un moment, il nous offre quelques fruits et une boisson fraiche. 

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Felipe : « Dans ma ferme, je n’ai pas de toilettes, mais on petit bosquet ombragé ! »

Nous ne tardons pas à repartir pour ne pas arriver trop tard. Au bout d’un kilomètre Elio et Maman ont leur pneu à plat… papa s’amuse un peu et nous repartons.

Un peu avant Tilcara (un gros bled), nous nous arrêtons dans une ferme (chez Diego). Cette fois ci il n’y a pas de quoi être déçu, il nous offre des betteraves, carottes, œufs… il cultivait aussi des pêches, des tonnes de laitues, des pommes, des poires, du raisin… nous montons les tentes à l’ombre d’un noyer et nous passons une super nuit.

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 Salade de carottes et de betteraves fraichement cueillies et râpées… Gracias Diego !

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13/12

Aujourd’hui nous visons le plus de km possible. Nous pédalons sous un ciel couvert ce qui rend un entourage pas très excitant. Les voitures roulent vite, mais sans nous frôler je trouve qu’elles sont très respectueuses. A 11h le vent se lève, nous n’avons pas beaucoup roulé alors nous devons continuer, aujourd’hui nous visons S.S de Juyuy c’est à 80 km. Peu avant la pause nous croisons un cyclotouriste qui va dans le sens inverse, c’est une française (Coraline) nous discutons un peu puis nous reprenons notre route après avoir reçu de précieuses informations. Nous faisons une pause de midi dans un petit village miteux avec comme choix culinaire Milanesa de Pollo ou Milanesa de Carne, comblés. Nous repartons le ventre plein de Milanesa pour Juyuy.

L’après midi fut plus tranquille, nous n’avons pas eu bcp de vent et sur notre route nous rencontrons encore des cyclotouristes, cette fois-ci ce sont des Brésiliens, ils nous indiquent une route qui permet de contourner la montée, pareil nous discutons nous nous partageons des informations et nous reprenons notre route, fous de joie d’avoir rencontré autant de cyclistes en une journée.

Nous arrivons finalement à un camping très sympathique juste avant Juyuy, à Yala (75km aujourd’hui). Nous rencontrons un couple français qui voyage en van, et très sympa.

14/12

Nous nous apprêtons à repartir du camping lorsqu’une maîtresse d’une classe (qui était parti en voyage de fin d’année au camping) nous demande si les enfants peuvent prendre des photos. Nous faisons donc une séance photos et de questions avant de partir. Aujourd’hui nous avons comme objectif El Carmen. La route est belle, mais il y a pas mal de trafic. Nous profitons de notre dernier jour de descente avec un magnifique ciel bleu. Nous roulons parmi les plantations de tabac, c’est magique.

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Camping de Yala, Elio prêt à enfourcher son vélo, toutes les minettes veulent le prendre en photo !
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Piscine et camping municipal de El Carmen, des airs de vacances… d’été !

15/12

La route est magnifique et il ne fait pas trop chaud. Nous partons à midi après avoir profité de la piscine du camping. Ça va être chaud pcq on a 70 km jusqu’à Salta. Nous entamons la montée, à un moment nous croisons l’arrivée d’une course à pied et tout le monde nous applaudit, ça fait bizarre.

Nous continuons et à chaque kilomètre nous nous enfonçons un peu plus dans la forêt. Au bout d’un moment l’orage éclate, il se met à pleuvoir, le vent se lève… nous nous équipons et nous continuons sous la pluie sans rencontrer aucun village ce qui veut dire une tranche de pain de mie avec une demi tomate en déjeuner, à la diète quoi! La pluie ne cesse pas, plus personne ne parle et nous avançons peu à peu. Au milieu de la montée nous rencontrons un cyclotouriste Chilien. Il nous indique la suite et nous pareil. Maintenant “y a plus qu’a”…

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La forêt de Yungas, sur la magnifique petite route (RN9) qui relie Jujuy et Salta, capitales des provinces des mêmes noms.

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Ouf, l’orage se calme et nous nous éloignons peu à peu de la forêt, nous entamons la descente ( grand respect à maman qui a dû pédaler toute la descente car si elle s’arrêtait, la chaîne pendouillait il y a le risque qu’elle se prenne dans les rayons). Ça tombe bien qu’on arrive à Salta, il va falloir changer le roulement de la roue arrière… 

Nous arrivons enfin au premier village “La Caldera” et nous avons fait seulement 30 km. Mais á notre grande surprise nous y trouvons un déjeuner (à 16h) de luxe. Il y avait un petit marché avec des stands fournis de saucissons, pain au noix, fromage, yaourts… donc nous repartons le ventre plein de bonnes choses pour Salta. La suite fut “facile”, nous finissons sous le beau temps jusqu’au camping municipal de Salta.

Il faisait nuit, tout le monde était crevé et en plus il se remet à PLEUVOIR!! Les tentes sont trempées ; une des tentes se retrouve dans une flaque alors nous nous serrons à six dans l’autre. Ça marche aussi !

 

Là, nous faisons la connaissance de Philippe et Chunny, qui voyagent en camion depuis la Guyane, et de Nicolas, un argentin de Buenos Aires, qui nous a appris à jongler.

Salta est une belle ville animée ; c’est là que nous avons fait un petit festin, pour fêter nos 3000km ! Toute occasion est bonne pour un bon repas ! Nous repartons bientôt vers le sud… On ne sait pas encore si on s’arrête un peu faire du WWOOFing (volontariat dans une ferme) dans la région, ni où et avec qui on passera les fêtes de fin d’année, surprise surprise ! Suite au prochain épisode…