À présent ça grimpe !! Nous pensions faire un saut du côté Amazonie pour éviter le trafic et les côtes… c’est gagné pour le premier mais pas pour le deuxième !

Depuis Macas, ou plutôt Bella Union (près de Mendez) nous enchaînons avec Orli de belles montées.

Nous avons donc au choix : de sacrées descentes (jusque 600m d’altitude), ou bien de belles grimpettes jusque 1600, voire 1800m d’altitude. Les montées sont terribles ! Pas de répit sur des kilomètres, avec des passages à 10% ou plus… Nils et Mia, dans ces cas-là, montent à pied, bravement, pour soulager la carriole (tractée par Orli et moi sur le tandem) et Marion (qui tracte le petit vélo gris sur le FollowMe). Tous les deux alternent donc le repos dans la carriole ou le pédalage sur le vélo 20” (un peu short pour Nils!).

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Une des nombreuses grimpettes de l’Oriente, pas si plat…

Ces derniers jours, nous avons donc passé de beaux cols, offrant à chaque fois une vue incroyable sur de nouveaux paysages, sur un pain de sucre, sur de la forêt à perte de vue, mais nous limitant à des étapes quotidiennes de 30 à 40 km seulement. C’est un paysage de montagne qui s’offre à nous, avec une végétation et une ambiance amazoniennes ! Beaucoup d’eau, de nombreuses rivières… Parfois, nous sommes amenés à traverser un cours d’eau par un pont suspendu, ambiance garantie ! La météo est variable, quelques averses, journées parfois chaudes et humides, ou bien ciel couvert. Nous avons l’ambiance Amazonie, le relief en plus, mais sans les désagréments : pas de chaleur ou humidité insupportables, pas de moustiques et maladies associées, pas de bêtes indésirables (serpents, araignées, piranhas…). Les Shuars de Kintia Panki nous ont dit qu’on peut trouver dans les forêts, avec un peu de chance (ou malchance), des pumas, jaguars, dans certains endroits il y a même des ours…

Notre nomadisme à 7 nous oblige à anticiper : trouver un véhicule qui puisse emporter nos bagages jusqu’au point d’arrivée de l’étape (rarement connu le matin même de notre départ), trouver un hébergement qui convienne à tous. Nous n’avons pas les mêmes budgets et besoins ; idéalement, Orli a une chambre privée avec salle de bains, quant à nous nous campons (ou squattons) à proximité, ou partageons l’auberge ou hôtel.

Depuis notre passage à la communauté Shuar de Kintia Panki, nous avons dormi un peu où nous pouvions. Un hostel  (Orquidea) à Limon (merci Juan pour l’accueil et l’aide logistique !), une cancha/restaurant à San Juan Bosco, une maison communale sommaire dans le petit hameau de Cambanaca. Arrivés à Kalaglas, on nous indique une cabane attenante au gymnase, cela nous convient parfaitement mais c’est un peu rustique pour Orli. Elle passera finalement la nuit chez Carlos, un habitant du village, très sympathique, qui lui offre gracieusement une chambre et sa salle de bain ! À San Juan Bosco, le jour du départ, nous apprenons par hasard qu’il y a à l’entrée du village une casa de la bicicleta ! Accompagnés du beau frère de la propriétaire, nous nous y rendons et sommes sous le charme, nous nous devons d’y passer une nuit ! Cela fera une journée de repos supplementaire et l’occasion d’aller se baigner dans la rivière voisine ! Le principe : Doris, la propriétaire de la maison a beaucoup voyagé à vélo et a aménagé avec beaucoup de goût cette maisonnette qu’elle met à disposition des cyclo voyageurs. Elle n’est annoncée nul part, c’est seulement le bouche à oreille qui fait que le livre d’or s’étoffe régulièrement !

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La casa de la bicicleta, rien que pour nous ! Muchas gracias !

Donc après plusieurs jours de montées assez rudes nous arrivons enfin, sous une pluie tropicale, à Gualaquiza… en bus. Ça fait des jours que nous avons pour but Gualaquiza, chaque tour de pédale nous pensons: “bientôt un repos bien mérité à Gualaquiza”, ça devient une forme de jeu. Espérons que nous ne serons pas déçus. Nous avons passé la dernière nuit au centre d’un petit village perché dans la forêt amazonienne et nous nous réveillons sous une pluie battante. Nous sommes déçus de ne pas faire les derniers 30 km à vélo mais il est plus sûr de ne pas pédaler des heures en montée sous la pluie. Nous en profitons pour faire un peu de travail scolaire et sautons avec toutes nos affaires dans le bus quotidien pour Gualaquiza. Là bas, nous changerons un des rayons de la roue arrière du tandem, cassé net, seul pépin technique du voyage…

Le bus nous débarque avec tout notre barda au terminal, reste à trouver un bel endroit où nous reposer, nous l’avons bien mérité. Après une rencontre peu sympathique dans un premier hôtel, nous décidons de pédaler qql centaines de mètres de plus pour aller voir une auberge qu’on nous a recommandé, bonne pioche. Sergio et sa femme nous accueillent avec beaucoup de gentillesse dans leur superbe auberge. Très vite nous partageons leur cuisine, leur salle à manger, ouverte sur la forêt amazonienne. Sergio nous présente Alex qui propose dès descente de rivières en rafting. Nous voici embarqués sur el rio Cuyes à bord de leur raft. Ambiance bon enfant, on découvre les plantes, les villages qui longent la rivière tout en passant quelques rapides sympathiques. Les enfants sont ravis, et nous aussi. Nous resterons donc une nuit de plus chez Sergio et sa famille. Le lendemain, la pluie semble nous demander de rester encore mais il est temps de quitter nos hôtes et de poursuivre notre route.

Siloé vous raconte la sortie rafting :

Aujourd’hui nous avons profité du beau temps pour descendre la rivière Cuyes en raft. Il y avait deux personnes pour nous encadrer. Ils étaient très sympathiques, et nous ont appris de nombreuses choses sur les plantes et la culture Shuar. Car pendant la descente de la rivière, nous sommes passés à côté de villages Shuars.

Quand nous sommes passés au niveau des plages / rives accessibles, nous avons vu des personnes des villages Shuars qui cherchaient de l’or. Ils tamisaient le sable des rives et espéraient trouver de l’or. Alex, le guide du raft, nous a précisé que c’est illégal de chercher de l’or. Nous avons demandé pourquoi. Il nous a répondu que ces terres ne leur appartenaient pas. C’est l’état qui fournit des terres aux communautés indigènes. Ces terres n’ont pas le droit d’être revendues (sauf aux autres communautés), mais à prix minimum.

Il a aussi expliqué de manière plus détaillée la réputation des coupeurs de têtes… Les Shuars avaient cette réputation. Il disait que les guerriers Shuars étaient en compétition à celui qui coupait le plus de têtes. Ils faisaient des combats entre plus vaillants de tribus, et le gagnant avait le droit et l’honneur de couper la tête du vaincu. Ensuite, ils faisaient bouillir les têtes (commentaire perso : BEURK !), puis ils les séchaient et les vendaient aux touristes (commentaire perso : BEEEURK !)

Pendant les deux heures de rafting, nous avons pu nous baigner, nous laisser emporter par le courant… Nager dans le courant est une des choses que j’ai le plus aimé ! J’ai bien aimé les rapides aussi.

La sortie en vidéo, par Elio :

 

Le voyage à 7 est installé, ce n’est pas toujours simple quand Orli a certaines contraintes ou exigences, mais elle participe autant que possible aux tâches quotidiennes : faire une salade, un guacamole , la vaisselle etc.

Lorsque nous arrivons dans un lieu nouveau, le rituel est établi : faire le tour des lieux pour qu’elle les intègre et soit autonome, demander le code wifi s’il y a, trouver la prise de courant pour charger son téléphone et son livre audio. Les grands pratiquent leur anglais avec elle autant que possible pour décrire les lieux, les gens, pour traduire nos conversations familiales (en français)… Nils et Mia ont plus de mal, la barrière de la langue n’aide pas…

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Orli, son café, et la salade de fruits !

Par contre le jeu en vogue de Mia en ce moment : jouer à “aveugle” avec Elio ! Elle a les yeux bandés et Elio la guide suivant un parcours bien précis !

Encore 2-3 jours de grimpette jusqu’à Loja, dans la montagne. Là, nos chemins se sépareront et nous continuerons vers le sud, le Pérou !